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Chronique de covidé

En apprence, une fraise taggada, fusionnée avec les bantu knot de Gwen Stefani ressemblent au covid

Ça y est ! Je l’ai attrapé ! Difficile maintenant de douter de la maladie. Puis, je ne peux plus parler de la grippe chinoise, elle est maintenant franco-italienne. Pourtant j’étais bien vacciné, j’te jure. Double dosé, toi-même tu sais, Zongo le Dozo. Je savais que ça n’immunisait pas, mais quand même. Comme même !

L’avantage c’est que, grâce à mon Pfizer de privilégié, les effets néfastes sont plus doux. A priori, je n’irai pas au bloc, mais je n’ai pas non plus le droit de traîner en bas de ces derniers. Je dois m’enfermer, covidé, en ligne je dois commander. Souffle court, transpi’ de goret et morve au nez. Des courbatures d’batard aussi, comme si on m’avait traîné à un entraînement entre aînés d’un sport donné.

En soi, ça va. Je suis confiné avec une PS5 et le dernier Call of. Le midi, je peux donc entendre ma mère se faire traiter dans plusieurs langues. Le problème, c’est qu’au bout d’un moment, lorsque l’écorce du vieux chêne malade s’écaille, je ne peux pas aller me faire panser la sève auprès de ma go. Bah non, les gestes barrière font obstacles aux câlinades réconfortantes. Je me contente de la regarder, les yeux vitreux d’un ruminant, bouche entrouverte puisque le nez est obstrué. Mes rapports charnels sont devenus imaginaires, encore un trait propre du joueur de Call Of. C’était ma destinée.

Mais ce n’est pas le pire. Le pire, c’est que j’ai perdu l’odorat et le goût. J’ai un poto moustachu qui a ça depuis la naissance, l’absence d’odorat (tahiyya atira, si tu me lis). Je n’avais jamais pensé à ce que ça impliquait pour lui. Je suis trop égoïste pour ça. Mais maintenant que la malédiction s’est abattue sur moi, je comprends. Hier, dans la pizza, j’ai mis des herbes de Provence au lieu de l’origan. Ça a dorénavant la même forme, la même odeur et le même goût. J’avais acheté un shampooing haut de gamme au romarin et à la menthe poivrée, mais aujourd’hui il sent comme le vomi. Qui ne sent rien. Mes meilleurs amis me conseillent de goûter mes excréments, ce serait « l’occasion ou jamais ». C’est insultant. Bref, la liste des complications induites par ce symptôme est assez longue et pénible.

Et l’un des principaux problème, c’est que ça fait trois jours que je ne sors pas de chez moi, et même si je transpire beaucoup la nuit, je n’ai aucun indicateur olfactif relatif à mon hygiène. Puer ou ne pas puer, telle est la question. Tout est parfaitement égal pour moi. J’ai donc l’impression d’avoir un handicap réel qui n’affecte pas ma mobilité, ni ma capacité d’accéder au web (heureusement), mais directement mes rapports sociaux de proximité, puisque je suis incapable de me mettre à la place de mes proches les plus directs pour savoir comment ils me perçoivent. Trop bizarre.

J’espère que ces effets disparaîtront bientôt et que ce témoignage servira aux chercheurs qui rédigeront des rapports sur la grande guerre contre la pandémie. Cette guerre déclarée par le Président de la France en 2020. Cette guerre qui permet la transition vers le monde de demain. Ce monde où les ultrariches déploient des colonies consanguines sur Mars, après un voyage tout en kiffance dans le Metaverse pour tuer le temps. Mais le temps n’est pas la seule victime. Les plus modestes suffoquent et se noient sur Terre, avec la consolation qu’ils peuvent maintenant manger leurs excréments. J’espère que je serai parti avant de pouvoir témoigner de la suite.

Bisous, et à bientôt.