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Ode au télétravail

Face à ma télé, Je travaille. Je peux charbonner, Où que j’aille.

Halte à la poésie, place aux bénéfices ! Certains en doutent, pas moi. J’explique pourquoi : c’est difficile à mettre en place pour l’entreprise, mais l’enjeu ici est d’en considérer des perspectives positives. On a tous nos soucis pour concrétiser une idée, mais l’idée elle-même n’en est pas moins attractive. Que ce soit pour le manager ou la managé, qu’ont-ils à y gagner ?

Ode au télétravail, pour externaliser les fainéants.

J’ai d’abord crains que cela rigidifie mon poil dans la main, qu’il croisse, mute en canne, sur laquelle je m’appuierai au moindre effort. Mais ce fut l’inverse. La dissolution de la surveillance physique a stimulé ma conscience professionnelle : puisque personne n’est là pour aboyer quand mon corps et mon esprit s’échappent, il n’y a plus que moi pour me cadrer. J’ai du me responsabiliser. L’objectif n’est alors certainement pas de paraître faire, mais de faire que ça paraisse sans paresse. Je travaille plus, et pourtant je gagne autant (Qu’en est-il des promesses censurées aux moins de dix-huit ans d’âge ? Han ?). Financièrement tout du moins. Encore que. Je me fais à manger, j’évite les transports et les têtes de cons, ma vie professionnelle est plus confortable dans mon salon.

Je deviendrais donc un meilleur employé, moins stressé mais plus engagé, un qui rapporte plus à la main qui le nourrit.

Mais, si vous croyez le paragraphe précédent, peut-être vous dites vous que je suis un cas à part, le seul travailleur qui revêt encore une motivation suffisante pour se reposer entièrement dessus. Considérons alors le traîne-savate professionnel, celui qui a déjà plusieurs fois ressemelé ses espadrilles, l’authentique patate de canapé (idiom francisé). Que peut-on bien gagner à l’externaliser ?

Potato on a couch
Potato on a couch

Tout d’abord, la “perruque” existe depuis toujours sur le lieu de travail (le fait de détourner l’outil de production à des fins autres que celles de l’entreprise. Si besoin, se référer à mon article précédent au lieu de Googler et de nourrir le monstre tentaculaire américain). Donc, autant laisser l’employé exprimer son toupet chez lui. Je préférerais qu’on ne le surprenne pas chez moi, si le cheveu factice n’est pas mon métier déclaré. Et si on ne souhaite pas qu’il puisse utiliser du matériel professionnel pour ses activités qui ne le sont pas, alors il faut sécuriser son terminal en conséquence, mais le problème est le même qu’in situ.

La ressource non productive ne devrait donc pas l’être moins, si loin. De plus, ses supérieurs ne seront pas, eux, chaque jour, face à ce qu’ils pourraient considérer — par humilité — comme un échec de management. Et puis, entre nous, si la ressource servait si peu, on pourrait vouloir s’en séparer, ne serait-ce que physiquement. Win-win, et win. There can’t be too many.

Ode au télétravail, pour des organismes modulaires.

Pour que ses employés puissent travailler de chez eux, l’entreprise doit mettre en oeuvre le nécessaire afin que l’activité supportée par une fonction puisse être réalisée en dehors de son espace physique. Ainsi, si le fainéant externalisé venait à disparaître, puis, qu’on découvrait qu’il n’avait finalement qu’été téléporté sur un autre continent, il pourrait reprendre son activité, dès le lendemain, depuis sa nouvelle position. Notez que le scénario fonctionne aussi avec quelqu’un qui disposerait des mêmes compétences et connaissances que le disparu, mais qui serait géographiquement éloigné.

Cette pratique de l’entreprise offre donc un premier niveau de détachement entre l’employeur et l’employé. C’est un détachement physique qui, s’il venait à être aussi moral, pourrait être comblé par un transfert de connaissances bien ficelé. La fonction peut dorénavant être mondialisée, ou peut-être juste européanisée. Dans un premier temps (j’ai toujours du mal à savoir ce qui doit le rester. A quel moment se produit la bascule vers un protectionnisme excessif ?).

Un organisme modulaire est un organisme ajustable, même physiquement. Son espace peut être réduit, ses bureaux partagés, tout dépend des opportunités qui se présentent, et de sa manière de lui-même s’organiser pour tenter de les attraper.

Ode au télétravail, pour vous inviter à essayer.

Je conçois très bien que la mise en œuvre du dispositif soit complexe, qu’elle nécessite d’être ajustée au type de métier, comme au système d’information impliqué. Mais, essayez ! Essayez-même d’externaliser vos velues paluches, les ressources fanfreluches et celles qui brisent la cruche ! Car, elles s’engagent au moins vers la sortie. Elles y glissent un pied fourré dans une charentaise trouée.

Et toi qui ne te fais pas confiance, DO IT ! […] What are you waiting for ? Yes, you can !

Tu risques, comme moi, de te découvrir des ressources inespérées.